L’hypnose pour arrêter de fumer : est-ce que ça marche ?

L’hypnose est-elle une solution envisageable pour arrêter de fumer ? Ou est-ce juste un spectacle à vendre aux plus crédules ? En fait, de nombreuses études scientifiques ont consacré l’efficacité de la thérapie par l’hypnose ou hypnothérapie. C’est aussi le cas dans le cadre du sevrage tabagique. Cela n’exclut par la controverse. Les opposants arguent de l’absence de preuves scientifiques de la relation entre une séance d’hypnose et le fait d’être capable d’arrêter la cigarette. Les avis sont donc partagés. Le plus important est de faire la distinction entre l’hypnose-spectacle, telle qu’on la voit à la télévision et qui n’est pas du tout efficace – et la thérapie par l’hypnose, effectuée par des professionnels hypnotiseurs.

Les résultats des études et expérimentations de l’hypnose pour arrêter de fumer

Avant de vous expliquer comment marche une séance d’hypnose, nous vous donnons d’abord les résultats. La technique marche-t-elle ou non ? La réponse est ambivalente.

De vrais résultats positifs

Les études de l’Association Française pour l’Étude de l’Hypnose Médicale (AFEHM), dirigé par le Dr. Jean Marc Benhaiem sont catégoriques. L’hypnose est une thérapie qui marche pour arrêter le tabac. 72 % des patients traités ont véritablement arrêtés durant le mois qui suit la séance d’hypnothérapie. Ce chiffre est décroissant au fil des mois (il est à environ 35 % au bout de 6 mois). Dans certains cas, le suivi est donc nécessaire. Le suivi consiste en une autre séance d’hypnose, chaque fois que le patient a des difficultés à lutter contre la volonté de fumer. Il va sans dire que chez certains, le suivi n’est pas nécessaire. Une séance peut suffire à débarrasser complètement une personne de l’envie de fumer. Chez d’autres, le suivi peut être nécessaire dès 15 jours à un mois après une première séance d’hypnose pour arrêter de fumer.

Le « Randomized controlled trial of complementary therapies in medicine » effectuée aux Etats-Unis en 2014 confirme également l’efficacité de l’hypnose pour arrêter de fumer. Cette technique serait nettement plus efficace que tous les substituts nicotiniques confondus dont les pastilles, les ptachs et les gommes. 44 % s’abstiennent encore de cigarettes après un trimestre. Il n’y a que 28 % chez ceux qui se sont tournés vers les substituts nicotiniques. La comparaison est de 36 % / 18 % au bout d’un semestre.

Des controverses

S’il n’y avait pas controverses, l’hypnose serait devenue le principal traitement anti-tabac dans n’importe quelle institution. Mais controverse, il y a. Par exemple, la Synthèse Cochrane de 2010 établit qu’aucune preuve de l’efficacité de la thérapie par l’hypnose pour arrêter de fumer ne peut être donnée. Toujours d’après la même synthèse en 2019, l’hypnose touche la partie émergée du problème en corrigeant quelquefois, l’acte de fumer sans pouvoir aliéner le besoin de fumer. Elle touche tout simplement le comportement, étant une thérapie comportementale.

De plus, les résultats sont loin d’être uniformes sur toutes les personnes hypnotisées. Contrairement à tout traitement médical où il y a « une dose du médicament à appliquer », dans l’hypnose, tout dépend de la personne, prise subjectivement.

Synthèse : conditions d’efficacité de l’hypnose pour arrêter de fumer

Donc, pouvez-vous utiliser l’hypnose pour arrêter de fumer ? Nous dirons que rien ne vous y empêche. Si les deux opinions divergentes se rejoignent sur un point, c’est sur l’importance de la volonté de celui qui veut en finir avec le tabac. L’hypnose marche sur celui qui veut personnellement arrêter de fumer. Ce n’est pas le cas, si on veut arrêter à cause des amis ou la famille. La base même de l’hypnose est une série d’autosuggestion pour amplifier la partie de soi qui veut arrêter de prendre des cigarettes. Ensuite, l’hypnose thérapeutique contre le tabac doit être conduite par un véritable professionnel – qui effectuera un diagnostic et préconisera un traitement personnalisé. Il faut donc faire attention aux charlatans vendeurs d’hypnose-spectacle ainsi qu’aux soi-disant séances d’hypnose en mp3 téléchargeable ou sur Youtube.  

L’hypnose pour arrêter de fumer : comment ça marche ?

L’hypnose pour arrêter de fumer peut donc marcher. Nous vous expliquons dans cette deuxième partie comment l’hypnothérapie de sevrage tagabique marche-t-elle.

L’hypnothérapie est une médecine alternative

L’hypnothérapie allie surtout psychologie, psychiatrie et faveur à l’autosuggestion, par la phase de pesanteur (calme, vide interne) de l’hypnose. Elle est classée médecine alternative et n’est donc pas remboursée par la sécurité sociale. Une séance d’hypnose pour arrêter de fumer vous coûtera généralement entre 60 et 80 €. Elle se pratique de préférence auprès d’un des hypnotiseurs agréés de l’Association Française pour l’Étude de l’Hypnose Médicale (AFEHM). S’agissant bien d’une médecine, un diagnostic précède l’hypnose et un contrôle la suit, chaque fois que nécessaire. La thérapie contre la cigarette par l’hypnose peut être pratiquée individuellement ou en groupe.

Un diagnostic avant d’utiliser l’hypnose pour arrêter de fumer

Avant chaque séance d’hypnose pour aider le patient à arrêter la cigarette, il y a un diagnostic. Il consiste à :

• Découvrir l’origine du lien de dépendance d’une personne à la cigarette et à le mesurer
• Sous-peser la véritable motivation de la personne à arrêter de fumer
• Analyser l’environnement dans lequel le patient se trouve, notamment s’il est favorable ou non à l’arrêt du tabac
• Vérifier les antécédents de ce dernier dans sa lutte contre le tabac
• Appréhender les effets secondaires éventuels d’un sevrage tabagique.

Le diagnostic est individuel. Il aide le thérapeute à connaître son patient et à déterminer le type d’hypnose qui lui conviendrait (cf. infra). Il permet aussi d’établir un véritable lien de confiance entre lui et le patient – car la qualité de l’hypnose dépend de la capacité du patient à « se livrer » à son thérapeute et à lui donner les accès de son for intérieur.

Le déroulement proprement dit de la séance d’hypnose

La séance proprement dite se passe en 5 étapes.

Elle commence par un léger test de suggestibilité du patient qui fait également office de brise-glace.

Puis, la deuxième phase est la détente du patient. Il se met donc assis ou couché sur un canapé et se concentre sur quelque chose : sa respiration, la voix du thérapeute (et moins, une pendule comme nous le voyons dans les films). C’est ainsi que le patient atteint la phase de pesanteur.

Vient l’âme même de la thérapie : la suggestion. Généralement, il y a 4 types de suggestions possibles, à adapter et à choisir selon les croyances et les motivations du patient.

• Le discours qui insiste directement sur le changement et la valorisation des qualités du patient (ex : vous êtes fort, ce n’est pas la cigarette qui vous tiendra en esclavage).
• Le discours qui vise à modifier la perception du tabac et le besoin d’en prendre (ex : le tabac fait partie du passé, vous avez déjà tourné la page, oubliez-le).
• La suggestion consistant à visualiser un avenir sans tabac (ex : imaginez à quel point vous respirez bien, vous pouvez faire de la musculation et du fitness sans suffoquer).
• Le discours pour développer l’aversion pour le tabac (ex : le tabac vous empêche de respirer, vous donne des nausées).

Après, il y a la phase de réveil, signe de la fin de la séance proprement dite.

Enfin, une thérapie par l’hypnose se termine avec quelques conseils et mise au point (pour mieux vivre le sevrage).

Le suivi

Tout commence par une séance d’hypnose pour arrêter de fumer et tout peut se terminer avec cette séance. L’hypnothérapie préconise l’arrêt immédiat et brusque de la cigarette, et non une certaine progressivité. L’autohypnose ou l’autonomisation de l’autosuggestion peut prendre le relais. Toutefois, les experts conseillent des séances de suivi pour ceux qui seraient tentés de retomber dans la cigarette. 15 à 30 jours espacent généralement deux séances.